Tuesday, November 9

sonnet viii


Je vis, je meurs: je me brule et me noye.
J'ay chaud estremement en endurant froidure:
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ay grands ennuis entremeslez de joye:


Tout à un coup je ris et je larmoye,
Et en plaisir, maint grief tourment j'endure:
Mon bien s'en va, et à jamais il dure:
Tout en un coup je seiche et je verdoye.


Ainsi Amour inconstamment me meine:
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.


Puis quand je croy ma joue estre certaine,
Et estre au haut de mon desiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

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